Un peu d'histoire

Le 16 Août 1832, 4 communes (Druilhe, Parlan, Sainte-Juliette et Le Piboul) fusionnent pour créer la Commune de Sainte-Juliette.
Le découpage semble curieux car il est impossible d’aller d’une extrémité de la commune à l’autre sans pénétrer deux fois dans la commune de Calmont.

La mairie quitte donc le Piboul et s’installe à partir de cette date sur le bourg de Sainte-Juliette et dans les locaux de l’école publique (il lui était réservé un bureau d’une quinzaine de mètres carrés entre les deux salles de classe). A partir du moment ou le secrétaire de mairie fut le curé de Sainte-Juliette, on peut dire qu’il existait une annexe de la Mairie au presbytère.

En 1919, le 24 janvier, la commune de Sainte-Juliette prend le nom de SAINTE JULIETTE SUR VIAUR.

Il y a eu jusqu’à 5 écoles sur la commune, mais aujourd’hui il n’en subsiste qu’une située sur le Village de Sainte-Juliette sur Viaur.

Le nom de Sainte-Juliette

Le nom de Sainte-Juliette renvoie à l’Histoire. Il faut remonter au troisième siècle de notre ère pour trouver la trace de celle qui allait donner son nom à la commune que nous visitons ici, Julitte de Césarée.
Nous sommes en 304, au crépuscule du règne de l’empereur romain Dioclétien. A la différence de son successeur Constantin, dont l’édit de Milan de 313 est souvent analysé comme un édit de tolérance religieuse, le règne de Dioclétien est marqué par les persécutions religieuses, notamment à l’égard des chrétiens.
Plus spécifiquement, la condamnation de Julitte pour ses pratiques religieuses est l’œuvre d’un juge officiant dans sa commune de Tarse, le juge Alexandre.
Julitte sera finalement condamnée à mort, avant quoi elle verra tout de même ce même juge prononcer l’exécution de son fils, Cyr, âgé de 5 ans. Mère et fils vont ainsi devenir martyrs reconnus de l’Eglise catholique.

En France, de nombreuses paroisses vont se placer sous leur patronage et de nombreuses villes vont intégrer leur nom dans celui de la commune. C’est le cas de Saint Cirq-Lapopie dans le Lot, en l’honneur du plus jeune martyr de la chrétienté. Et bien sûr de Sainte-Juliette sur Viaur…

Sur le village de Sainte Juliette

L’église de Sainte-Juliette sur Viaur fut dédiée à Sainte-Julitte, martyre avec son fils saint Cyr au Vème siécle. Atteinte plusieurs fois par la foudre (en 1734, il y eut deux morts suite à l’effondrement du clocher), l’église fut reconstruite en 1886. Le clocher dut être reconstruit une nouvelle fois au début du siècle dernier suite aux dégâts occasionnés par la foudre.

A savoir, chaque année, a lieu en l’église de Sainte Juliette sur Viaur le vœu de Rayret et Sainte Juliette. Depuis plus de 200 ans, les chrétiens de Sainte Juliette et l’ancienne paroisse de Saint Martin, sur les deux rives du Viaur se retrouvent chaque année pour accomplir un vœu fait par leurs ancêtres. A l’origine, ce vœu était célébré pour se protéger de la peste et de la grêle. Comme chaque année la messe est célébrée à Sainte Juliette avec offrande de cierges, achetés grâce aux dons des paroissiens, et vénération des reliques de Sainte Juliette, patronne de la paroisse.

Sur le village de Parlan

Un château fut construit en 1450; c’était une dépendance du château de Calmont. Aujourd’hui, il ne reste que quelques ruines.

Sur le village du Piboul

L’église du Piboul possède une cloche classée, une croix processionnelle également classée et une magnifique croix discoïdale en pierre à l’entrée de l’église.

Le village du Piboul dépendait de la paroisse de Sermur qui possédait un prieuré depuis le Xème siècle qui lui-même dépendait de l’abbaye de Moissac.

Parce qu’isolé et déserté, le siège de la paroisse sera transféré au Piboul au XVIIème siécle. C’est à cette période que l’église fut élargie à partir d’une chapelle existante.

Souvenirs de guerre de m.delmas

Dimanche 6 août 1944, André DELMAS du village de Parlan, alors âgé de 15 ans, se souvient

Environ une quarantaine d’hommes du F.F.I. (Forces Françaises de l’Intérieur) était déjà installée et avait construit 6 à 7 cabanes en bois couvertes de branchages pour se mettre à l’abri sur ce terrain situé en surplomb de la route, au bois de La Gravasse. Ils se nourrissaient à midi dans les fermes de Parlan, l’école servait de dépôt et garage.

Dimanche 6 août 1944, jour de fête au Pont de Grandfuel, une colonne de soldats Allemands venant d’Albi, tombait sur une embuscade au Moulin de Clary, puis se dirigeait vers Rodez. Mais au niveau de la carrière de Parlan, ils étaient arrêtés à nouveau par le maquis.
Le maquis avait fabriqué une guérite en pierre non loin du rocher (elle existe encore) pour y installer une mitrailleuse. Il avait mis une dynamite pour faire exploser le rocher surplombant la route et avait lancé des grenades sur un camion de soldats allemands. La colonne motorisée située en avant avait reçu des balles.

Les habitants de Parlan, entendant des bruits de canon ou de grenade dans la vallée, essayaient de se mettre à l’abri car les balles sifflaient au-dessus du village. Paul MALET disait aux enfants du village de se cacher : « surtout ne restez pas là »

Un jeune ouvrier agricole menait les vaches au pré au bord du Viaur lorsque les allemands lui tiraient dessus, mais par chance n’avait pas été atteint.
Voyant l’arrivée de tous ces soldats allemands, le maquis impuissant abandonnait.

Les allemands avaient tué sur le passage trois maquis et ensuite deux civils :

  • Paul MALET
  • Jean ROUVIER
  • Maurice JAU, découvert un mois après de l’autre côté du Viaur par un habitant de Comps-La-Grandville
  • Fernand RAYNAL de la Primaube
  • Henri THOUMAS Ingénieur des Ponts et Chaussées.

Mardi 8 août 1944, les agriculteurs dépiquaient ce jour-là au village. Le patron de la batteuse actionnait la machine à vapeur qui se mettait à siffler. Alors tout le monde partait pour se réfugier. Les habitants se cachaient comme ils pouvaient dans les taillis…
Les Allemands fouillaient toutes les maisons du village, cherchaient le maquis, prenaient de la nourriture et tout ce qu’ils voulaient. Ils rentraient dans la maison ROUS et lui cassaient le fusil.
Mais la machine à vapeur sifflait à nouveau, alors les Allemands prenaient peur et abandonnaient tout.

Ensuite, les Allemands se rendaient dans la cour de l’école et prenaient en otage :

  • Ernest ROUS
  • Paul LAUR
  • un espagnol nommé «Antoine», ouvrier agricole.

Ces trois hommes alignés contre le mur du jardin de l’école étaient prêts pour la mort.
Les Allemands avaient repéré une voiture sous le préau et voulaient s’en servir pour emmener ces trois otages à Sainte-Radegonde. Mais fort heureusement la voiture n’avait pas pu démarrer.
Par représailles, les Allemands mettaient le feu à l’école de Parlan où quelques munitions du maquis y étaient stockées. De cet incendie se dégageait une épaisse fumée noire en raison de la présence d’un gros bidon de carburant.
Les Allemands sont ensuite repartis avec leur convoi.

Plus tard, à la fin de la guerre, sur proposition du curé RIEUCAU et de l’instituteur FRAYSSE de Magrin, une stèle fut posée et inaugurée par la paroisse de Magrin en mémoire des hommes tombés assassinés par les Allemands.

Histoire de nos villages racontée par Mme thérèse RIVIERE